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lundi 21 octobre 2013

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 6 ( 2/2 )

Copyright Reuters


Le Japon enregistre le pire déficit commercial depuis 1979


Ralentissement mondial et conflit avec la Chine pèsent sur les exportations nippones tandis que les importations continuent de croître. Résultat, en septembre, le Japon enregistre le pire déficit commercial depuis plus de 30 ans.

Balance commerciale dans le rouge au Japon. Au mois de septembre, le pays affiche un déficit record de 558,6 milliards de yens (5,5 milliards d'euros). Le pire niveau depuis 33 ans selon le ministère des Finances nippon. En cause: un effondrement des exportations de 10,3% au mois de septembre. Avec la Chine, premier partenaire commercial du pays, ces exportations ont chuté de 14,1% le mois dernier. Et ce en raison du différents sur des îles du Pacifique mais aussi du ralentissement de la croissance du pays.
Chute brutale des exportations vers l'Europe:
Plus largement, le ralentissement mondial pèse sur les exportations japonaises. Les ventes vers les Etats-Unis, deuxième partenaire nippon, n'ont crû que de 0,9% septembre, beaucoup moins que lors des mois précédents, à cause d'un effritement des livraisons d'automobiles. Vers l'Union européenne, l'ensemble des exportations chute brutalement de 21,1%.
Hausse des importations:
Dans le même temps, les importations ont grimpé de 4,1%, avec des achats d'hydrocarbure toujours élevés plus d'un an après l'arrêt quasi total de la production nucléaire dans le pays depuis l'accident de Fukushima.

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 6 ( 1/2 )

La dépréciation subie par le yen depuis l'année dernière face au dollar et à l'euro, est du à l'assouplissement monétaire décidé par la banque centrale du Japon (BOJ) dans le cadre de la politique économique de Shinzo Abe.
La dépréciation subie par le yen depuis l'année dernière face au dollar et à l'euro, est du à l'assouplissement monétaire décidé par la banque centrale du Japon (BOJ) dans le cadre de la politique économique de Shinzo Abe.


+64,1%: progression record du déficit commercial au Japon



Le déficit commercial japonais a atteint en septembre 932 milliards de yens (soit l'équivalent de 7 milliards d'euros), à cause d'une forte dépréciation du yen qui renchérit les importations. 

+64,1%: le déficit commercial japonais connaît une hausse sans précédent sur un an. Ce phénomène s'explique par  une forte augmentation des importations, elle-même provoquée par la forte dépréciation du yen, due à la politique économique accommodante menée par le Premier ministre Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre 2012.
Le déficit commercial du Japon a atteint en septembre une durée inédite de quinze mois consécutifs, selon le ministère des Finances nippon. Il s'établissait alors à 932 milliards de yens soit environ 7 milliards d'euros. En France, le déficit commercial était de 5,1 milliards d'euros en juillet dernier.
Le yen déprécié de 25% depuis l'an dernier:
Dans le détail: au Japon, bien que le volume des importations se soit réduit de 2,2%, sa valeur a grimpé de 16,5%. Il faut dire que le yen a été déprécié de 25% depuis 2012 face au dollar et à l'euro.
Les achats en valeur de téléphones portables et autres équipements de télécommunications depuis l'étranger se sont envolés de 63,5%, ceux de semi-conducteurs de 59%. Ces produits sont importés par le Japon depuis les pays asiatiques et notamment la Chine où les groupes nippons les produisent eux-mêmes ou les confient à des tiers, ce qui a entraîné une aggravation du déficit subi par l'archipel vis-à-vis de l'Empire du milieu - son premier fournisseur.
Bien que peu changées d'une année sur l'autre, les importations de pétrole, gaz et charbon sont restées en outre très onéreuses, deux ans et demi après la catastrophe de Fukushima qui a entraîné l'arrêt temporaire de tous les réacteurs nucléaires de l'archipel. Et il est peu probable que des réacteurs nucléaires soient relancés cette année.
Un déficit structurel qui n'est pas prêt de se réduire:
Ainsi,  "le Japon restera très dépendant des importations d'énergie, et (...) la hausse des revenus tirés des exportations grâce à l'affaiblissement du yen ne suffira pas à inverser le déficit commercial", estime un analyste cité par Dow Jones Newswires.
Le moindre renchérissement du yen élève en effet les revenus tirés à l'étranger de la vente des produits japonais, une fois les recettes converties en monnaie nippone. En septembre, ce phénomène a contribué à une augmentation de 11,5% des exportations en valeur, bien qu'elles se soient effritées de 1,9% en volume.
L'économiste à l'Institut de recherche Daiwa Masahiko Hashimoto, a jugé auprès de l'AFP que le Japon risquait de rester en déficit commercial encore un moment pour "des raisons structurelles" (facture énergétique et yen faible), alors que ce pays était autrefois habitué à de larges excédents soutenus par la puissance de ses industries automobile et électronique, entre autres. Si la progression du déficit commercial sur un an semble déjà exceptionnelle, rappelons qu'au mois de septembre 2012, le Japon enregistrait déjà son pire déficit commercial depuis 1979 jusqu'alors: l'équivalent de 5,5 milliards d'euros.

dimanche 20 octobre 2013

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 5



Une crise économique mondiale aux multiples dimensions

 

 Profits et bonus pour quelques uns, chômage et baisse des salaires pour beaucoup d’autres

La crise est terminée, le chaos économique ne fait que commencer.

 

Celles et ceux qui espèrent un changement de politique de la part de nos gouvernements sociaux-libéraux ou néolibéraux à la solde des grandes institutions financières, des marchés et des grandes entreprises vont être déçus : même au bord de l’abîme, nos décideurs resteront inflexibles, la boussole rivée sur l’austérité tant l’attirance pour un taux de profit maximal est forte et la croyance aveugle en la sacro-sainte croissance immuable.
 Nous savons pourtant par expérience – et à l’encontre de la théorie du ruissellement qui veut que la croissance se répercute mécaniquement du haut vers le bas des couches sociales – qu’un retour à la croissance du PIB ne bénéficie pas à la grande majorité de la population. Il suffit pour cela de regarder l’extrême pauvreté persistante en Afrique et dans les pays émergeants. Mais qu’importe, les grandes institutions font et refont sans cesse de nouveaux pronostics de croissance, tels d’inlassables bulletins météo de l’âge capitaliste, sans égard pour l’inégalité sur laquelle elle se fonde.
M. Draghi, personnalité de l’année ou culte de l’arrogance ?
Le 14 Décembre 2012, le président de la Banque centrale européenne M. Draghi, interrogé par le Financial Times sur la souffrance sociale infligée pas les cures d’austérité qu’il impose avec le FMI et l’UE en Europe, estime qu’ “abandonner maintenant (les politiques d’austérité), comme certains le suggèrent, reviendrait à gâcher les immenses sacrifices faits par les citoyens européens”. Malgré l’échec retentissant de ces politiques, le président de la BCE, sacré “personnalité de l’année ” par le même quotidien de référence financière pour avoir « grandement contribué à l’apaisement des marchés financiers en zone euro » , ne tient pas à décevoir et veut donc poursuivre la voie néolibérale tracée par Friedman (destruction totale de l’Etat social, privatisation…) quel qu’en soit le coût humain. La perte de souveraineté des Etats à la solde des créanciers ne l’inquiète pas puisqu’il dit œuvrer pour son rétablissement : “Les pays avec un endettement et des déficits élevés devraient comprendre qu’ils ont perdu leur souveraineté sur leurs politiques économiques depuis longtemps dans un monde globalisé. Travailler ensemble dans une union orientée vers la stabilité signifie en fait regagner de la souveraineté ”. Ainsi, nous regagnerions de la souveraineté dans une Union européenne qui a récemment reçu le prix Nobel de la paix sous les applaudissements de l’OTAN ? De quoi nous inquiétons-nous puisque l’on veille si bien sur nous ? Rappelons si besoin est, que le nouveau traité MES (mécanisme européen de stabilité) prévoit une totale immunité pour les actions prises dans ce cadre avec le droit qui lui est conféré de superviser les budgets de chaque Etat membre et d’infliger des amendes à ceux qui ne respectent pas les directives…de la BCE ; que de nouveaux gouvernements en Italie et en Grèce sont arrivés au pouvoir sans élection sous l’œil bienveillant de la BCE et de l’UE ; que dès mars 2012, les missionnaires de la Troïka (BCE-UE-FMI) se sont installé de manière permanente dans les ministères à Athènes pour fouiller dans les comptes publics. « Souveraineté » dites-vous M. Draghi ? En tout cas pas celle des peuples.
Salaires en baisse, chômage en hausse:
Contrairement à ce qu’avance M. Draghi, tout indique pourtant qu’un virage radical est plus que nécessaire et urgent. Un récent rapport de l’OIT (Organisation internationale du Travail, Rapport mondial sur les salaires 2012/13) confirme l’aggravation de l’inégale répartition des richesses produites, la part revenant au Capital continuant d’augmenter au détriment de celle revenant au Travail : « La tendance mondiale a entraîné un changement dans la distribution du revenu national, la part des travailleurs baissant tandis que les parts du capital dans le revenu augmentent dans une majorité de pays. ». Au niveau mondial, « Les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2 pour cent en 2011 ». Si on ne tient pas compte de la Chine, « les salaires moyens réels n’ont augmenté que de 0,2 pour cent au niveau mondial en 2011 ». En Europe et au Moyen Orient les salaires ont baissé depuis 2008 alors qu’ils ont continué d’augmenter pendant la crise en Amérique latine et en Asie. Les pays européens, sous recommandation du FMI, réduisent les salaires réels alors que cela diminue la demande des ménages et contracte l’économie. En 2011, ils sont en baisse de 0,6% en zone euro, les travailleurs britanniques ont vu leurs rémunérations fondre de 3,5%, en Espagne elles ont chuté de 2% et de 1,6% en Irlande et en Italie. En Grèce, où le chômage frappe désormais plus du quart de la population active, les travailleurs ont vu leur salaire réduit de 6,2% en 2011. Le cas de la Grèce est important puisqu’il ouvre la voie au reste de l’Europe en commençant par sa périphérie. Le 3 décembre 2012, une étude menée par deux syndicats grecs, ADEDY et GSEE, a révélé que le pouvoir d’achat des Grecs avait été divisé par deux pendant les deux dernières années, un Grec sur deux vit en deçà du seuil de pauvreté . Revenant sur le rapport de l’OIT cité plus haut, d‘une manière globale, « Entre 1999 et 2011, l’augmentation de la productivité du travail moyenne dans les économies développées a été plus de deux fois supérieure à celle des salaires moyens. » Comme l’explique Eric Toussaint, cet écart permet l’augmentation du taux de profit de la classe capitaliste .
Dans un rapport précédent paru le 15 décembre 2010, l’OIT précisait déjà : « En Europe centrale et orientale, la croissance des salaires réels a baissé, passant de 6,6 pour cent en 2007 à 4,6 pour cent en 2008 et à −0,1 pour cent en 2009 . » La chute est vertigineuse !
Toujours selon l’OIT, le monde compte 30 millions de chômeurs en plus depuis le début de la crise en 2008 et parmi ceux qui ont un emploi, 900 millions de personnes perçoivent moins de 2 dollars par jour. Et c’est en Europe là aussi que l’on trouve les plus fortes augmentations du taux de chômage : selon Eurostat, au sein de l’Union européenne entre 2008 et 2012, ce taux est passé de 7,1% en 2008 à 10,6% au dernier trimestre 2012. En Espagne, le taux de chômage a bondi de 13,2% en octobre 2008 à 20,5% en octobre 2010 puis à 26,2% en octobre 2012. A Chypre et au Portugal il s’est élevé de plus de 3 points en un an, de juin 2011 à juin 2012 il est passé de 8% à 11,7% et de 12,7% à 15,9% respectivement. En Grèce il a doublé en 2 ans passant de 13,9% en octobre 2010 à 26% en septembre 2012 (il était de 7,8% en octobre 2008), 56% des 15-24 ans n’avaient pas de travail en septembre 2012, contre 22% en septembre 2008 .
Le luxe ne connait pas la crise:
Pendant ce temps, le secteur du luxe, dont les marques européennes représentent 70% du marché global, se porte à merveille avec une croissance de plus de 10% enregistrée en 2010-2011. LVMH , le numéro un français et géant mondial du luxe, a enregistré 3,06 milliards d’euros de bénéfices en 2011, un record historique. Pour profiter de la croissance du secteur, le groupe LVMH a même lancé sa marque Cheval Blanc pour conquérir l’hôtellerie de luxe. Son grand patron Bernard Arnault, première fortune de France, empochait la même année 10,8 millions d’euros , soit 821 années de Smic (l’année d’avant, en 2010, il avait déjà perçu 9,7 millions). M. Arnault, a vu sa fortune progresser en 2012 pour atteindre 29,7 milliards de dollars. Signalons au passage que le joaillier Bulgari, filiale de LVMH depuis 2011, est soupçonné de fraude fiscale par le gouvernement italien, pour avoir dissimulé près de 70 millions d’euros de revenus imposables en utilisant des sociétés basées en Irlande et au Luxembourg.
Même au-delà du secteur du luxe, les grands patrons s’en sortent bien malgré la crise : alors qu’en 2011, l’indice boursier de la place de Paris a perdu 17% de sa valeur, la rémunération moyenne des patrons du CAC 40 s’est élevée à 4,2 millions d’euros la même année, en hausse de 4% par rapport à 2010, année où les rémunérations avaient déjà flambé de 33% .
En Espagne, Amancio Ortega, patron de l’entreprise de textile Inditex propriétaire de Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti ou Bershka, est devenu le 3ème homme le plus riche du monde, aidé par la propulsion en bourse des titres Inditex qui ont fait un bond de +66,7% en 2012. Selon le classement élaboré par Bloomberg en 2012 , sa fortune a augmenté de 62,9% par rapport à 2011, soit 22,2 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros) de plus pour atteindre 57,5 milliards de dollars (43,5 milliards d’euros). Selon ce même classement, la richesse globale des 100 plus grosses fortunes du monde a progressé de 241 milliards de dollars en 2012 pour atteindre 1.900 milliards de dollars, bien plus que le montant de la dette externe publique de tous les pays en développement (1647 milliards de dollars en 2010). Ce montant du patrimoine des 100 personnes les plus riches de la planète représente plus de 5 fois la dette publique grecque, plus de 2 fois la dette publique espagnole et plus de 14 fois le montant de l’aide publique au développement (APD) que les Etats s’étaient engagé en 1970 – sans y parvenir depuis – à porter à 0,7% de leur revenu national brut (RNB).
Enfin, en dépit des beaux discours de M. Obama appelant à limiter les bonus de Wall Street, ceux-ci se maintiennent à un haut niveau : malgré une importante baisse en 2008 (voir tableau ci-dessous), ils ont de nouveau fortement augmenté en 2009. Depuis le début de la crise sur la période 2007-2011, les banquiers et courtiers de Wall Street ont enregistré 115,6 milliards de dollars de bonus.
La crise ne semble décidément pas avoir les mêmes conséquences pour tout le monde…
Evolution des bonus de Wall Street 1985 – 2011 (en milliards de dollars) :

Le graphique en PDF

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 4



Pays émergents: le début d'une nouvelle crise économique mondiale?


Les Indiens s'inquiétent de la glissade de la roupie et de la bourse de Bombay. Ils ne sont pas les seuls.


Depuis quelque temps, la devise indienne, la roupie, ne cesse de glisser face au dollar. C’est peut-être le symptôme d’une crise potentielle très grave qui menace l’Inde comme les autres pays émergents. Et nous ne sommes pas du tout à l’abri.
Le porte-parole du Fonds Monétaire International s'est ouvertement inquiété de l'évolution de l'économie indienne. Gerry Rice n'a pas mis de gants pour résumer la situation. Il a pointé trois points noirs: les déficits du budget de la balance des comptes courants, une inflation en permanence trop élevée et la dépendance vis-à-vis des flux de capitaux. Des handicaps traditionnels pour l'Inde qui se sont aggravés rapidement.Interrogé sur l'éventualité d'un plan d'aide pour l'Inde, le porte-parole du FMI a dit qu'il refusait de spéculer. Mais l'inquiétude est bien réelle. Dans le passé, l'Inde a déjà bénéficié de plans de sauvetage.
Gare à l’endettement:
Pourtant, voilà des années que l'on présente l'Inde comme une grande puissance économique en devenir et  même s'il ralentit, le taux de croissance de l'économie indienne reste encore à 5 %. Mais cela pourrait ne pas durer. L'Inde, comme les autres émergents, subit le contrecoup de la chute de la demande occidentale et, de manière plus aigüe, elle paie l'addition de la nouvelle politique de la Réserve fédérale américaine. La Fed est doucement en train de resserrer le crédit aux Etats-Unis, donc de rendre moins facile l'accès aux liquidités, ce qui provoque un important retour des capitaux sur le dollar. D'où la glissade, par exemple, du réal brésilien et donc aussi de la roupie. Avec de gros risques pour l'Inde comme l'explique Jean-Joseph Boillot, conseiller du Club du CEPII à Paris : " Lorsqu’il y a un fort ralentissement de l’économie et un interruption des flux de capitaux, on découvre d’un seul coup que le baigneur est tout nu et qu’il est endetté ".  Et de fait, l’Etat, les entreprises et les citoyens, l’endettement est généralisé en Inde. Le pays est donc susceptible d’entrer dans une crise grave qui, si elle se précise, aura de sérieuses conséquences : " Nous sommes dans une économie très interconnectée où les locomotives de l’économie mondiale sont des pays qui ont besoin d’augmenter le niveau de vie de leurs populations. On a besoin de leur croissance, ils en ont besoin et cela nous permet d’exporter ".
Un risque systémique:
Après la début de la crise en 2008, c'est bien le dynamisme des pays émergents qui a permis aux économies occidentales de garder la tête plus ou moins hors de l'eau. Mais voilà, ces pays sont à la fois nos clients et nos fournisseurs, comme ils le sont aussi entre eux. Si les Etats-Unis parviennent encore à se relancer plus ou moins sur leur demande interne, ils sont à peu près les seuls. D'où ce scénario pessimiste de Jean-Joseph Boillot : " Si tout à coup vous aviez une crise en chaîne sur les pays émergents, parce que l’Inde n’est que l’épiphénomène d’une tension qui se généralise, plus de la moitié du produit intérieur brut mondial va tout à coup arrêter de tirer le reste. C’est très inquiétant et c’est aussi très inquiétant que le sommet du G20 à Saint-Petersbourg des 5 et 6 septembre prochain n’ait pas mis à l’ordre du jour ce risque systémique ".
Michel Visart

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 3

Marc Fiorentino (c) Reuters
Marc Fiorentino


La crise est finie !


C'est parti. Depuis qu'on a annoncé que la croissance sera positive en 2013 et que le moral des Français rebondit, on va avoir droit à des sondages et des reportages qui nous expliquent comment la France repart et aux sourires satisfaits de François et Jean-Marc. Car on ne cherche même plus un retour à une vraie croissance. Avec 1% on serait au top de nos ambitions.

LA CONFIANCE DES FRANÇAIS
:
rebondit selon un sondage BVA. Un moral "économique" en hausse de 26 points en deux mois, du jamais vu... Prenons nous à rêver. Un jour, nous aurons une croissance de 1%. Génial. On est sauvés.

UN G20 SYRIEN ET ÉMERGENTS
:
On va parler Syrie et émergents au G20 qui s'ouvre aujourd'hui à Saint-Petersbourg. On attend un communiqué qui va dire que c'est vilain de tuer 100,000 personnes et que ce serait mieux si ça se faisait sans l'aide de la chimie. Et un autre où les pays émergents vont dire qu'ils vont briser la spéculation. Fantastique.

L'INDE TENTE DE SE REFORMER:
L'Inde, ce pays qui a fait rêver les investisseurs, le pays qui sera bientôt le plus peuplé du monde et un des leaders économiques mondiaux est en déroute. La classe politique n'a plus aucune crédibilité,  et la politique économique des derniers gouvernements a mené à un vrai désastre. Un nouveau patron de la Banque centrale est arrivé hier. Il a fait rebondir la roupie indienne qui avait atteint son record de baisse contre le dollar pour l'accueillir.

UN NOUVEAU CAUCHEMAR
:
On était déjà scotché sur nos smartphones à longueur de journées pour regarder n'importe quoi, maintenant on ne va même plus pouvoir se concentrer dix secondes pour regarder l'heure. Samsung a lancé sa smartwatch et le président de la division dit que c'est " un produit nécessaire avec des fonctions utiles". Dans deux ans, on se demandera comment on a vécu sans et on aura encore perdu le peu de capacité de concentration qu'il nous restait. Et on n'aura plus l'heure.

LINKEDIN CARTONNE
:

103% de hausse sur le titre depuis le début d'année. La société a annoncé qu'elle levait 1 milliard de dollars de plus. Peut être pour des acquisitions. Quand on aura nos réseaux sociaux accessibles sur notre montre et dans nos lunettes...

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 2




La crise fête ses cinq ans et elle se porte bien

Depuis 2008, la crise a pris plusieurs visages. Malgré l'optimisme ambiant, elle est loin d'appartenir à l'histoire. 
Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, rien n'y fait. Le PIB de la zone euro a beau s'être redressé au deuxième trimestre de 0,3 %, la Fed a beau réfléchir à une stratégie de sortie de l'urgence, l'optimisme a beau être de mise. La crise est toujours là. Et l'Europe est plus que jamais en première ligne.
Dilemme européen:
Les Etats européens demeurent confrontés à un dilemme insurmontable dans l'état des forces politiques actuelles : doit-on donner la priorité à la croissance ou au désendettement ? Les récents débats français viennent de le rappeler. Le gouvernement hexagonal, qui a tant fait le fanfaron en août sur les chiffres de la croissance est ainsi le premier à ne pas hésiter à prendre le risque de briser ce timide élan pour revenir au plus vite dans les clous fixés par le traité de Maastricht.
Poids de la dette:
Mais la question du poids de la dette empoisonne tout autant le Portugal, l'Irlande ou la Grèce. Des pays dont les demandes intérieures ont été sacrifiés sur l'autel de la dette et de la réduction des déficits et qui voient, malgré tout, le poids de leur endettement continuer à progresser. La troïka arrive au Portugal pour encore imposer de nouvelles mesures d'austérité et la Grèce ne peut guère se réjouir d'avoir dégagé un excédent budgétaire primaire qui sera englouti par le service d'une dette dont le poids est intenable.
Le « consensus européen » brisé:
Alors que l'Europe, et en premier lieu sa seule puissance crédible devant les marchés, l'Allemagne, semble incapable de faire des choix clairs, les effets de la crise n'ont pas fini de se faire sentir sur le vieux continent. Partout montent les  « populismes » qui remettent en cause le « consensus européen » qui dominait avant 2007-2008. Dans des pays traditionnellement europhiles comme l'Italie ou la Grèce, ces forces représentent des poids politiques désormais incontournables.  Le danger d'une progression encore plus forte et surtout d'une alliance stratégique avec un parti « de gouvernement » ne peut être écartée et ouvrirait un nouveau front dans la crise. On voit déjà que le rapprochement entre l'UMP et le FN en France ou celui de Beppe Grillo et du Parti démocrate en Italie est une hypothèse de travail. Dans ce cas, la confiance dans la zone euro pourrait encore en souffrir.
Economie mondiale en lambeaux:
Bref, rien n'est réglé, loin de là. Et l'accalmie ne doit pas cacher une autre réalité : cinq ans après Lehman les économies européennes et mondiales demeurent tout aussi instables et déséquilibrées. Les structures sociales et politiques sont en lambeaux. Le printemps et l'été derniers nous ont rappelé cette vérité. Le ralentissement  des exportations induit par le ralentissement européen a  provoqué des chocs sociaux, politiques et monétaires qui ont frappé pêle-mêle l'Egypte, la Turquie, le Brésil ou encore l'Inde.  Autre signe inquiétant : la tension  qui s'est emparé du marché boursier lorsque la Fed a annoncé sa volonté de réduire ses injections monétaires. Signe que nul ne croit en une croissance « autonome. »  Les marchés comme l'économie « réelles » sont sous perfusion.
Incapacités politiques:
Tout est à reconstruire, mais on a peine à croire que cette reconstruction puisse avoir lieu. L'incapacité des dirigeants mondiaux à gérer cette crise depuis six ans est désormais avérée. Lorsque le système financier a montré des signes de faiblesses à l'été 2007, on a nié le sérieux de l'affaire.  En 2008, on a géré la panique dans l'urgence. Pour éviter d'autres Lehman, on a renfloué les banques à coups de milliards. Aucun Etat n'a échappé à son « plan de sauvetage bancaire. » Pour rétablir la croissance, on a lancé des plans de relance sans véritable cohérence. Seuls comptaient alors les milliards que l'on promettait de placer dans l'économie. Aux Etats-Unis et  au Japon, on est entré dans la zone grise des taux zéro.
Mistigri de la dette:
Les banques ont survécu, pour la plupart. Mais les Etats sont entrés dans la crise. Le mistigri de la dette leur avait été transmis. La crise de confiance envers les banques est devenue une crise de confiance envers les Etats. L'Europe, avec sa construction monétaire baroque, s'est retrouvée en première ligne.  La crise de la zone euro a suivi. Elle aussi a été gérée en dépit du bon sens. Là aussi, on a d'abord voulu n'y voir qu'une « crise grecque » avant d'avoir recours à des méthodes radicalement opposées à celles de 2008-2009, mais tout aussi inefficaces et en réalité nocives.
Généralisation de la crise:
Les dirigeants mondiaux et européens, plus guidés par leurs intérêts domestiques propres que par l'intérêt général, ont mené une gestion de courte vue. Les Etats-Unis ont montré leur incapacité à gérer comme jadis l'économie mondiale. La Chine et l'Allemagne n'ont pas su ou pu s'imposer comme nouveaux leader. L'économie mondiale, privée de tête, s'est mise à errer dans le désert. On a transmis le mistigri à ceux qui étaient encore dans une situation saine : les banques centrales, les ménages, les émergents. Ces trois derniers acteurs ont fini par être infectés. Nous n'en sommes qu'à ce moment de la crise. Au début d'une crise qui peut finalement frapper l'ensemble de l'économie mondiale.
En faisant faillite, Lehman Brothers (qui a été cependant elle-même victime des conséquences de la crise des subprimes)  a ouvert plus qu'une crise économique. C'est une crise de la science économique, de la classe politique et de l'ensemble de la société post-industrielle qui s'est ouverte. Et elle n'est pas encore fermée.

CRISE ECONOMIQUE MONDIALE 1




La crise comme conséquence d'une économie mondiale sans tête

Sha
Dans "The Leaderless Economy", publié par les éditions de l'université de Princeton, Peter Temin et David Vines montrent que la crise actuelle est une "crise de transition" après la fin de l'hégémonie américaine. 
 La grave crise économique qui frappe le monde depuis 2007 a donné naissance à un nombre incalculable d'ouvrages qui tentent d'en comprendre l'origine, d'en décrire le déroulement, d'en trouver une issue. Sans compter ceux qui se livrent au bien périlleux exercice de la prédiction… S'il fallait n'en lire qu'un, sans doute, The Leaderless Economy, paru en fin d'année dernière aux Etats-Unis aux Editions de l'université de Princeton, devrait être celui-là. Issu de la collaboration entre Peter Temin, professeur d'histoire économique au MIT, et David Vines, économiste britannique à l'Université d'Oxford, cet ouvrage présente la crise que nous vivons dans un contexte historique, géographique et théorique des plus larges.
Déséquilibres globaux:
Le fondement de la réflexion des auteurs réside dans la nécessité de comprendre les déséquilibres économiques dans leur globalité. Autrement dit, en faisant en permanence le lien entre les déséquilibres internes des pays ou des grandes régions économique et leurs déséquilibres externes. Les auteurs montrent avec brio combien les décideurs économiques avaient perdu de vue cette réalité avant la crise actuelle, autant qu'avant celle de 1929. Et combien ceux qui doivent trouver une sortie à cette crise n'y songent pas davantage aujourd'hui qu'ils ont pu y penser durant les années 1930.
Crise de transition:
Mais alors comment expliquer que, à certains moments de l'histoire économique moderne, ces déséquilibres aient pu non pas disparaître, mais du moins être gérés afin de favoriser la croissance, la stabilité et la prospérité ? La réponse des auteurs est celle du leadership. En 1945, comme avant 1914, l'économie mondiale disposait d'une puissance hégémonique, le Royaume-Uni puis les Etats-Unis, qui était capable d'imposer « ses » solutions aux différentes crises et d'établir ainsi une cohérence mondiale.
Les grandes crises s'expliquent alors, selon les auteurs par une phase de transition où l'ancien leader n'est plus suffisamment fort pour imposer ses choix et où le futur leader n'est pas assez fort encore pour faire de même. « Le changement d'hégémonie est difficile : une nouvelle puissance hégémonique prend souvent du temps pour s'imposer après le déclin de l'ancienne. La grande crise de 1929 fut une de ces récessions de fin de régime, la crise actuelle en est une autre », expliquent les auteurs.
Deux après-guerres différentes:
D'où la différence frappante entre les deux après-guerres. En 1919, le Royaume-Uni ne peut plus être hégémonique. Ses actifs mondiaux ont été dépensés durant la guerre, ses grands marchés (textile, aciers...) ont été perdus au profit du « nouveau monde. » Londres ne peut plus dicter sa loi au monde comme il le faisait depuis 1815 par l'intermédiaire du Gold Standard. Pour autant, les Etats-Unis, devenue première puissance économique du monde, sont encore timides et refermée sur elle-même. Elle refuse l'entrée dans la SDN et est surtout le spectateur des crises qui secouent l'Europe des années 1920. Lorsque survient la crise, chacun tente alors de se sauver lui-même. En dévaluant ou, au contraire, en comprimant sa demande pour améliorer sa compétitivité. Il s'en est suivi le chaos, la spirale déflationniste, la guerre des changes, le protectionnisme… En 1944, les Etats-Unis se reconnaissent enfin comme puissance hégémonique. Pour éviter le même chaos que celui des années 1920, ils imposent leur solution : le plan Marshall. Ils favorisent l'intégration européenne et mettent sur place un système de change stable : Bretton Woods.
La crise actuelle:
Depuis le début des années 1970, la puissance américaine est en recul. Et aucune véritable puissance économique hégémonique n'a véritablement émergé. Les Etats-Unis ont conservé une influence notable, mais pas suffisante pour imposer le retour au calme, comme la crise de 2007-2008 l'a prouvé, tandis que les éventuels candidats à sa succession, Allemagne ou Chine, rechignent - ou refusent, ou sont incapables - d'assumer ce rôle. Les auteurs expliquent comment la crise de la zone euro s'est aggravée faute de la volonté allemande d'imposer une véritable solution globale, n'acceptant - à reculons - que des solutions partielles qui réglant des déséquilibre externes de la zone euro, ne réglait pas les déséquilibres internes, notamment la trop forte compétitivité allemande. En 1948, les Etats-Unis avaient utilisé leur puissance pour relancer la demande intérieure des pays d'Europe de l'ouest… De même, les auteurs expliquent comment la Chine, en raison de ses déséquilibres, peine à assumer son rôle d'hégémonie naissante.
Méthode originale:
L'ouvrage est brillant et décrit une forme de tectonique des plaques de l'économie mondiale depuis un siècle avec une grande clarté. La méthode utilisée est également des plus originales, par sa capacité à mener analyses d'actualité, réflexions historiques et importance des théories. Le dernier chapitre baptisé « utiliser la théorie pour apprendre de l'histoire » développe l'idée que l'histoire économique doit être lue au regard des théories afin de pouvoir être pleinement utile dans des conditions historique différentes. Une vision que, se lamentent avec raison les auteurs, les politiques du monde entier ignorent. Se contentant de gérer les urgences, signe supplémentaire d'une économie mondiale qui court comme un canard sans tête. Cinq ans après la chute de Lehmann Brothers, la lecture de cet ouvrage, qui propose aussi des solutions de gestion du monde actuel, demeure urgente.

dimanche 13 octobre 2013

ARGANA


ARGANA (en arabe: ارڭانا) est une commune rurale du Maroc et un village du grand Atlass, de la province de TAROUDANT, dans la région de Souss-Massa-Draâ, ( Wilaya d' AGADIR ). Elle est nommée « TARGANT » son vrai nom ( langue ( AMAZIGHS ).

1- Géographie

Argana ou Targant; cette commune rurale de 5600 habitants se situe: à 81 km au nord d'Agadir et à 200 km au sud de Marrakech.( sur la route nationale RN 8 ) & à 60 Km au nord d'Agadir et 190 Km au sud de Marrakech ( sur autoroute A7 ).
Le Caidat d'Argana englobe les communes rurales d'Argana, de Bigoudine, de Talmakante et d'Imilmaiss et compte 23 600 habitants. Les douars en périphérie d'Argana sont Igounane, Inzerki, Meslla, Iguer, Taourirte, Mezzinte, Aguensa, Ait Moussi... et plus haut dans la grand Atlass Les douars d' Itorra, Taoudicht, Agouni, Tirbihin, Tafilalt, Tamarout,  ....

2- Équipements

Argana dispose aujourd'hui d'une 'écoles primaire, d'un collège avec un internat, d'une maison d'étudiants, d'un centre administratif, d'un dispensaire de santé, d'une maison d'accouchement, et d'un bureau de poste.              ( le code postal est le 83 100 ).

3- Économie 

Argana est un centre administratif et commercial (Tlata na Argana) important depuis l’époque du protectorat. C'est dans l'un des douars de la commune rurale d'Argana que se trouve le plus grand rucher collectif au monde, à Inzerki.

4- Paléontogie

Le bassin d'Argana contient de nombreux fossiles caractéristiques de la crise biotique de la transition Paléozoïque-Mésozoïque (transition Paléozoïque-Mésozoïque -250 millions d'années).
Bibliographie:              Pour La Science n° 367 : La faune oubliée d'Argana 

5- Botanique

L'arganier est très présent dans cette région du Haut-Atlas, l'huile d'Argan est l'une des spécialités des tribus de Ida ouzal, Tagoudicht et Idaouziki. La région est également réputée pour la qualité de son huile d'olive et pour les multiples pressoirs d'huile qui datent de nombreuses années.

vendredi 11 octobre 2013

Pôle Nord

  Cet article concerne le pôle Nord géographique. Pour les autres définitions, voir Pôle Nord.

Projection cartographique illustrant l'océan Arctique et le pôle Nord.
Le pôle Nord géographique terrestre, ou simplement pôle Nord, est le point le plus septentrional de la planète Terre. Il est défini comme le point d’intersection de l'axe de rotation de la Terre avec la surface terrestre dans l'hémisphère nord, où tous les méridiens et les fuseaux horaires se rencontrent. Ce n'est pas un point fixe à la surface de la Terre, sa période d'oscillation est de quatorze mois et sa position varie de quelques mètres lors des plus fortes oscillations. Le pôle Nord géographique ne doit pas être confondu avec le pôle Nord magnétique, point central du champ magnétique terrestre vers où les boussoles pointent. Ce concept, appelé « vrai Nord », a été découvert et rapporté par le Chinois Shen Kuo au XIe siècle.
Le pôle Nord se situe au milieu de l'océan Arctique profond de 4 261 mètres1 et couvert en permanence par la banquise, contrairement au pôle Sud situé sur la masse continentale Antarctique. Hormis certains bancs de gravier non permanents, la terre émergée la plus proche est l'île Kaffeklubben, située à 707 kilomètres du pôle.
La première exploration du pôle Nord, bien que contestée, est attribuée à l'Américain Frederick Cook qui aurait atteint le pôle le 21 avril 1908, mais il aurait maquillé son trajet réel2. Le Congrès des États-Unis a plutôt attribué la première exploration à l'Américain Robert Peary qui prétend avoir atteint le pôle Nord le 6 avril 1909, mais les historiens contestent ce fait depuis la découverte d'une copie du journal de Peary, qui se serait trompé dans ses estimations3. La première exploration confirmée du pôle Nord revient donc au Norvégien Roald Amundsen et à l'Italien Umberto Nobile, qui le survolent à bord d'un ballon dirigeable le 12 mai 1926.
La température du pôle Nord peut varier entre -43 °C et °C, ce qui favorise la permanence de la glace de mer dont l'épaisseur varie entre deux et quatre mètres. La banquise est cependant menacée et l'océan Arctique pourrait être libre de glace dès l'été 2014, en partie du fait du réchauffement climatique et de la diminution de l'effet albédo4. Cette situation nouvelle rendra plus facile l'accès aux ressources du sous-sol Arctique et une dispute territoriale est enclenchée entre les cinq pays limitrophes de l'Arctique : le Canada, la Russie, la Norvège, le Danemark et les États-Unis. Bien que le pôle Nord soit hors des zones économiques exclusives de ces pays, la découverte récente de la dorsale de Lomonossov relance le débat de la souveraineté territoriale de l'Arctique.

Géographie

Localisation

Inclinaison de l'axe de la Terre (obliquité) et son rapport aux plans de l'écliptique.
L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23° 27′ par rapport au plan de l'orbite terrestre, l'écliptique. Le pôle Nord définit les géodésiques de latitude 90° Nord (Φ = + π / 2), ainsi que la direction du vrai Nord, alors que sa longitude peut être définie comme n'importe quelle valeur (-π ≤ λ ≤ + π)5. L'axe de rotation — et donc la position du pôle Nord — fut longtemps considéré comme fixe par rapport à la surface de la Terre, mais au XVIIIe siècle, le mathématicien Leonhard Euler prédit que l'axe pourrait osciller6. Au début du XXe siècle, les astronomes ont remarqué une petite variation de la latitude telle que déterminée pour un point fixe sur la Terre à partir de l'observation des étoiles. D'une portée de quelques mètres pour les plus fortes oscillations, l'errance du pôle à la surface de la Terre, semblable au mouvement d'une toupie, a plusieurs composantes périodiques et irrégulières. Le composant périodique de 433 jours, identifié aux huit mois prévus par Euler, est désormais appelé oscillation de Chandler7. Le point exact de l'axe de la Terre, à un moment donné, est appelé le « pôle instantané », mais en raison de l'oscillation des pôles, on ne peut pas l'utiliser comme définition d'un pôle fixe lorsqu'une mesure précise à l'échelle du mètre est requise8.
Un système fixe de coordonnées terrestres (latitude, longitude et altitude, ou l'orographie) serait utile, mais compte tenu de la dérive des continents, de la hausse et de baisse de la Terre en raison des volcans, de la précession des équinoxes, de l'érosion, entre autres, il n'y a pas de système dans lequel toutes les caractéristiques géographiques puissent être fixées. L’International Earth Rotation and Reference Systems Service et l'Union astronomique internationale ont donc défini un cadre appelé le « Système international de référence terrestre ». Le pôle Nord de ce système définit à présent le Nord géographique pour le travail de précision, mais il ne coïncide pas exactement avec l'axe de rotation terrestre9.
Comme il n'y a pas de présence humaine permanente au pôle Nord, il n'y a pas d'heure ni de fuseau horaire officiellement attribué à cette région du globe, mais en pratique le pôle comporte tous les fuseaux en un seul point10. Étant donné que toutes les lignes de longitude s'y rencontrent, on peut marcher à travers tous les fuseaux horaires en une seconde en tournant autour du pôle. De plus, les heures locales étant à peu près synchronisées sur la position du Soleil à son zénith, cette approximation ne fonctionne pas au pôle Nord, car il est continuellement dans le ciel durant six mois.
Les expéditions polaires peuvent utiliser un fuseau horaire qui leur convienne, généralement le fuseau horaire de leur base de ravitaillement, ou encore n'importe quelle unité du Temps moyen de Greenwich (GMT), du Temps universel coordonné (UTC), ou le fuseau horaire du pays de leur choix. Cependant, la convention veut que l'on utilise le fuseau UTC+011, contrairement au pôle Sud où l'on utilise le UTC+12 (fuseau horaire de la Nouvelle-Zélande durant l'été austral)10.

Climat

Retrait des glaces entre 2005 et 2007.
Voir aussi climat polaire, ou plus généralement changement climatique et réchauffement climatique.
Le pôle Nord est nettement plus chaud que le pôle Sud, car il se situe au niveau de la mer au milieu d'un océan qui agit comme un réservoir de chaleur, plutôt qu'en altitude sur une masse continentale. En hiver (janvier), la température au pôle Nord peut varier entre -43 à -26 °C, pour une moyenne de -34 °C. La température moyenne d'été (juillet) se situe autour du point de congélation (°C)12.
La glace de mer du pôle Nord est d'environ deux ou trois mètres d'épaisseur, mais il existe des variations considérables, et parfois la circulation des banquises expose la surface maritime. Une récente étude financée par l'Union européenne et publiée dans la revue Geophysical Research Letters a montré que la moyenne de l'épaisseur de la glace a diminué au cours des dernières années13. Selon les chercheurs du Centre for Polar Observation and Modelling (CPOM) de l'University College de Londres (UCL) au Royaume-Uni, la diminution de la banquise est attribuée au réchauffement climatique et à l'océan Arctique de plus en plus exposé au rayonnement solaire13. L'accélération drastique de la fonte des glaces de mer en Arctique n'avait pas été prévue par les modèles climatiques, car ils ne tenaient pas compte de l'effet albédo ; plus l'océan Arctique se libère de ses glaces, plus la chaleur des rayons solaires est absorbée par l'eau, accélérant la fonte de la calotte polaire14,15.
Récemment, des scientifiques ont prédit que le pôle Nord pourrait devenir libre de glace durant l'été dès 205016. Le 15 décembre 2008, la série télévisée canadienne The Daily Planet a indiqué que les scientifiques annoncent que la calotte de glace pourrait fondre d'ici 2014 plutôt que 205017.
De récentes découvertes confirment que le pôle Nord a connu un climat subtropical, il y a 55 millions d'années18. La mission Arctic Coring Expedition (ACEX) a récolté des carottes de glaces sur la dorsale de Lomonossov en 200419, dont l'analyse révèle la présence de microfossiles de plantes et d'animaux typiques d'un environnement de mer chaude (environ 20 °C) et peu profonde subtropicale. Les fossiles trouvés à 400 mètres sous le plancher océanique datent du maximum thermique de la période du Paléocène-Éocène18.
Progression du jour polaire
Cap Nord, Norvège.
Au pôle Nord, le Soleil est en permanence au-dessus de l'horizon pendant les mois d'été et de façon permanente au-dessous de l'horizon pendant les mois d'hiver. Le lever du soleil a lieu juste avant l'équinoxe vernal (environ le 19 mars). Le Soleil prend ensuite trois mois pour atteindre son point culminant, soit environ 23°½ d'élévation, au solstice d'été (environ le 21 juin). Ensuite, il commence à redescendre pour atteindre le coucher du soleil juste après l'équinoxe d'automne (environ le 24 septembre). Quand le Soleil est visible dans le ciel polaire, il semble se déplacer dans un cercle au-dessus de l'horizon. Ce cercle passe peu à peu de près de l'horizon, juste après l'équinoxe vernal à son maximum d'élévation (en degrés) au-dessus de l'horizon au solstice d'été et redescend vers l'horizon avant de passer à l'équinoxe d'automne20,21.
Au pôle le crépuscule civil dure environ deux semaines avant le lever et après le coucher du soleil, alors que le crépuscule astronomique dure environ sept semaines avant le lever et après le coucher du soleil22.
Ces effets sont causés par une combinaison de l'inclinaison axiale de la Terre et de sa révolution autour du Soleil23. La direction de l'inclinaison axiale de la Terre, ainsi que son angle par rapport au plan orbital de la Terre autour du Soleil, restent à peu près constants au cours d'une année (les deux évoluent très lentement sur de longues périodes de temps). Au milieu de l'été, le pôle Nord est incliné vers le Soleil à son maximum. Au cours de l'année, la Terre se déplace autour du Soleil et le pôle Nord se détourne progressivement (par rapport au Soleil), pour finalement s'en éloigner au maximum. La même séquence s'observe au pôle Sud avec six mois de décalage.
Articles détaillés : Jour polaire et Nuit polaire.

Faune et flore

Le copépode se nourrit du phytoplancton sous la calotte glaciaire24.
Les animaux et les végétaux de l'Arctique sont, par leur physique et leur comportement, adaptés aux conditions particulières des régions au nord du cercle Arctique (66° 32′ Nord). La courte saison de croissance est certainement le facteur le plus contraignant pour la faune et la flore arctiques, limitées par la température, la lumière et la calotte glaciaire. La productivité marine au pôle est plus ou moins importante selon les années, les saisons et la proximité au pôle25, ainsi la croissance de la biomasse ne dépasse pas 100 mgC/m2/jour au centre du bassin polaire, elle est de deux à cinq fois moins importante que dans la zone ouverte de l'océan Arctique. La présence de la vie sous cette partie de la banquise n'est pas plus importante qu'en haute mer ; la production primaire mesurée en Méditerranée occidentale est équivalente, contrairement aux zones de très haute production comme les côtes froides du Pérou où la biomasse est cent fois plus productive25.
Cette biomasse arctique est principalement constituée de zooplancton tel que les amphipodes benthique se nourrissant du phytoplancton (dinoflagellés et diatomées) qui poussent dans les couches inférieures et sous la surface submergée de la glace flottante. Même durant l'hiver austral, certaines algues peuvent continuer leur processus de photosynthèse en profitant des très faibles lueurs de la nuit polaire. Cette production attire les poissons, les cétacés et les phoques durant l'été austral, parfois même à proximité du pôle24. Les récits témoignant d'une présence animale autour du pôle Nord demeurent tout de même anecdotiques, mais on observe une importante perturbation de la productivité causée par le réchauffement climatique26. En effet, on peut observer plus de 275 espèces de plantes et d'animaux se rapprochant du pôle durant l'été austral en raison du réchauffement27.
La pêche halieutique autour de cette zone est favorisée tandis que la mégafaune est défavorisée. L'ours blanc se déplace rarement au-delà de 82° de latitude Nord, en raison de la rareté de la nourriture, bien que des traces soient parfois observées près du pôle Nord28. Une expédition en 2006 a signalé avoir observé un ours blanc à un peu plus d'un kilomètre du pôle29. Le phoque annelé a également été observé près du pôle, et un renard polaire a été vu à moins de 60 kilomètres, à 89° 40′ Nord30.
Parmi les oiseaux observés près du pôle, plusieurs espèces ont été signalées : des bruants des neiges, des fulmars boréaux et des mouettes tridactyles, bien que certaines observations puissent être faussées par le fait que les oiseaux ont tendance à suivre les navires et les expéditions28. Des poissons ont été vus dans les eaux au pôle Nord, mais ils sont probablement peu nombreux28. Bien que certaines espèces puissent comporter un grand nombre d'individus, le froid polaire ralentit leur métabolisme et elles peuvent mettre jusqu'à deux ans en eau polaire avant d'atteindre leur maturité sexuelle24.
La pollution des eaux arctiques a également un impact important sur la natalité via la chaîne alimentaire du cercle polaire. Certains métaux lourds tels que le zinc, le cadmium, le mercure et le sélénium sont concentrés dans l'océan Arctique par les courants marins provenant des océans Atlantique et Pacifique. Les polluants bioaccumulés dans le métabolisme d'un individu augmentent avec l'absorption des niveaux inférieurs du réseau alimentaire océanique24. Ainsi, des contaminants peuvent être présents en quantité infime dans le zooplanton, mais on observe des taux anormalement concentrés dans le métabolisme des espèces superprédatrices comme les oiseaux de mer, les phoques, les ours et même à l'extrémité de la chaîne, chez les humains. Des prélèvements de sang de cordon des nouveau-nés inuits révèlent un taux de polychlorobiphényles quatre fois plus grand et un taux de mercure quinze à vingt fois plus élevé que chez les bébés nés plus au sud. Ces polluants présents dans les métabolismes ont un impact sur le taux de natalité, et peuvent provoquer des déficits de neurotransmission et divers problèmes cognitifs31.

Géopolitique

Carte bathymétrique montrant la dorsale de Lomonossov.
L'océan Arctique est identifié depuis des décennies comme une région riche en pétrole et en gaz naturel. Dans une publication datant de juillet 2008, le United States Geological Survey estime que le sous-sol arctique renfermerait 90 milliards de barils de pétrole, 1 670 billions de pieds cubiques de gaz naturel et 44 millions de barils de gaz naturel liquide32. Cette situation rend le pôle Nord et l'Arctique très convoités par les pays limitrophes33.
En vertu du droit international, aucun pays ne possède actuellement le pôle Nord ou la région de l'océan Arctique qui l'entoure. Les cinq États limitrophes de l'Arctique, soit la Russie, le Canada, la Norvège, le Danemark (via le Groenland), et les États-Unis (via l'Alaska), sont limités à une zone économique exclusive de 200 miles marins (environ 370 kilomètres) autour de leurs côtes. Au-delà de ces ZEE, la zone restante, qui représente plus d'un million de kilomètres carrés, n'est attribuée à aucun pays et c'est l'Autorité internationale des fonds marins qui administre ce territoire34.
Lors de la ratification de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, un pays a une période de dix ans pour faire valoir légalement sa zone de 200 miles marins35. Ainsi, la Norvège (qui a ratifié la convention en 199636), la Russie (ratifié en 199737), le Canada (ratifié en 200338) et le Danemark (ratifié en 200436) ont tous lancé des projets pour affirmer que certains secteurs de l'Arctique devraient appartenir à leur territoire39.
En 1948, une expédition russe fait la découverte de la dorsale de Lomonossov, une structure géologique s'étendant sur 1 800 kilomètres depuis les îles de Nouvelle-Sibérie jusqu'au large de l'île d'Ellesmere40. Ce n'est qu'au début des années 2000 que la dorsale océanique attire l'attention de la communauté internationale, due à la requête officielle de la Fédération de Russie auprès de la commission des Nations Unies, à propos de la limite du plateau continental. Le document propose d'établir une nouvelle limite périphérique pour le plateau continental russe, en dehors de la zone des 200 milles marins. Cependant l'article 76 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer prévoit qu'une extension de 150 milles marins peut faire l'objet d'une requête, si le plateau continental se prolonge sous l'eau4, ce qui exclut la revendication russe dont le plateau se trouve à plus de 1 000 milles marins du pôle.
Le Danemark, le Canada et la Russie se disputent la structure géologique et affirment que la dorsale est une extension de leurs plateaux continentaux respectifs41. À la fin juin 2007, quelque soixante-dix géologues russes auraient réussi à prouver que les dorsales médio-océaniques de Lomonossov seraient des extensions du continent eurasiatique, reliant ainsi le pôle Nord au territoire russe42,43. C'est sur la base de cette affirmation que l'expédition russe Arktika 2007 envoya le brise-glace nucléaire Rossia, le navire de recherche Akademik Fédorov et deux mini-sous-marins, Mir 1 et Mir 2, pour explorer la région. Le 2 août 2007, des scientifiques russes ont plongé à 4 261 mètres sous la surface, et déposé une capsule de titane contenant le drapeau russe, en symbole de leur revendication sur la région43,44.
Les États-Unis, le Canada et le Danemark contestent la prise du pôle Nord par la Russie45. À ce sujet, le ministre canadien des Affaires étrangères, Peter MacKay a déclaré : « Nous ne sommes plus au XVe siècle. Nous ne pouvons plus voyager à travers le monde, planter des drapeaux et proclamer que ce territoire nous appartient46 ».

Exploration

Gravure de 1598 illustrant le bateau de Willem Barentsz pris dans les glaces arctiques.
Article détaillé : Exploration polaire.
Dès le XVIe siècle, de nombreux géographes estiment que le pôle Nord est situé dans une mer, qui est appelée une polynie au XIXe siècle, ou mer polaire ouverte47. Le géographe allemand August Petermann est le principal partisan de l'existence d'une mer polaire libre de glaces. Cette théorie se révèle plus tard erronée, mais elle justifie plusieurs expéditions entre 1853 et 1876. Ces explorateurs espèrent trouver une voie navigable libre de glaces vers le pôle à un moment favorable de l'année.
Le 16 juin 1596, une expédition néerlandaise menée par Willem Barentsz atteint la latitude 79° 49′ Nord, fixant le premier record homologué d'une présence humaine aussi septentrionale48. Barentsz meurt l'année suivante.
En 1893, Fridtjof Nansen et Hjalmar Johansen mènent une expédition avec le navire Fram, qui est à l'origine d'un nouveau type de navire, le brise-glace. Ils sont les premiers hommes à s'approcher d'aussi près du pôle Nord, atteignant la latitude 86° 14′ Nord le 8 avril 189549.
En 1908, l'Américain Frederick Cook organise une expédition très légère, et part accompagné de seulement deux Inuits. Il affirme avoir atteint le pôle le 21 avril 1908, mais ne rentre à sa base que le 18 avril 1909, après un long périple. Son témoignage est mis en doute par plusieurs historiens, qui avancent que Cook se serait trompé dans ses estimations. Certains ont également relevé un faisceau d'indices indiquant qu'il aurait pu maquiller son trajet réel et n'aurait en fait jamais tenté d'approcher le pôle Nord2. L'histoire de cette expédition est encore aujourd'hui controversée.
Robert Peary et son équipe près du pôle Nord, le 6 avril 1909.
L'Américain Robert Peary prétend avoir atteint le pôle Nord le 6 avril 1909 accompagné de Matthew Henson et de quatre Inuits – Oatah, Egingwah, Seegloo et Ookeah50. Il obtient avec difficulté la reconnaissance de son exploit par le Congrès des États-Unis, qui finit par le désigner officiellement comme le premier homme arrivé au pôle Nord. Depuis la découverte d'une copie du journal de Peary, il semble aujourd'hui presque certain qu'il s'est trompé dans ses estimations, et qu'il ne se soit approché du pôle que d'une quarantaine de kilomètres. La « communauté exploratrice » de l'époque lui reprocha vivement de n'avoir fait aucun relevé de position au cours des derniers 200 kilomètres de son voyage vers le pôle. Robert M. Bryce remarque également que la vitesse moyenne que Peary affirme avoir soutenue lors de son retour est considérée comme humainement impossible, et n'a jamais été égalée depuis3. De plus Matthew Henson, un explorateur afro-américain, a devancé de 45 minutes l'expédition et est ainsi le premier de l'expédition à atteindre le pôle. Mais Henson était noir, et ce fut Peary qui obtint tous les honneurs50,51.
Les premiers à atteindre le pôle Nord avec certitude sont Roald Amundsen et Umberto Nobile, qui le survolent à bord du dirigeable Norge, le 12 mai 1926. Le Soviétique Papanine s'y pose en avion le 21 mai 1937, et le Britannique Wally Herbert l'atteint en traîneau à chiens le 5 avril 1969.
En 1958, le sous-marin américain USS Nautilus est le premier sous-marin à atteindre le pôle lors de la traversée de l'Arctique52. Il est suivi par le USS Skate en 1959, qui est le premier à faire surface au pôle52.
Le 17 août 1977, le brise-glace soviétique à propulsion nucléaire Arktika est le premier navire de surface à atteindre le pôle Nord, démontrant ainsi qu'il est possible de naviguer en été dans les eaux arctiques53.
Le 29 avril 1978, l'explorateur japonais Naomi Uemura est le premier à atteindre le pôle Nord en solitaire, au terme d'un voyage de 800 kilomètres. Parti du Cap Columbia au nord de l'Île d'Ellesmere au Canada, il suit les traces de l'expédition de Peary, en traîneau tiré par dix-sept chiens. Il est régulièrement ravitaillé par avion qui lui parachute des vivres54.
Paysage du pôle Nord.
En 1982, Ranulph Fiennes et Charles R. Burton sont les premiers à traverser l'océan Arctique en une seule saison. Le 17 février 1982, ils quittent l'île Crozier au large de l'île d'Ellesmere, et arrivent au pôle Nord géographique le 11 avril 1982. Leur expédition s'est faite à pied et en motoneige. Depuis le pôle, ils regagnent le sud en direction du Svalbard, mais en raison de l'instabilité de la glace, ils mettent fin à leur traversée au niveau de la lisière des glaces, et dérivent vers le sud sur une banquise durant 99 jours. Le 4 août 1982, ils peuvent finalement rejoindre leur navire d'expédition le MV Benjamin Bowring, à la latitude 80° 31′ Nord. À la suite de ce voyage, durant trois ans, Fiennes et Burton participent à l'expédition Transglobe, et deviennent les premiers à faire un circumpolaire, c'est-à-dire le tour du monde par les deux pôles55. Cette réalisation demeure incontestée à ce jour, et le Livre Guinness des records décrit Ranulph Fiennes comme « le plus grand explorateur vivant56 ».
Le 1er mai 1986, la Will Steger International Polar Expedition est la première expédition à atteindre le pôle Nord sans aucun ravitaillement. Les membres de l'équipe sont : Paul Schurke, Brent Boddy, Richard Weber, Geoff Carroll, Ann Bancroft et une équipe de vingt-et-un chiens. Brent Boddy et Richard Weber deviennent ainsi les premiers Canadiens à atteindre le pôle, et Ann Bancroft la première femme57. Quelques jours plus tard, le 11 mai, Jean-Louis Étienne est le premier à atteindre le pôle Nord à ski et en solitaire. Il est le premier Français à atteindre le pôle, après 63 jours de marche58.
En 1988, l'expédition Polar Bridge est la première traversée de l'océan Arctique à ski. L'expédition est composée de neuf Russes et quatre Canadiens, et parcourent les 1 800 kilomètres séparant le nord de la Sibérie de l'île d'Ellesmere au Canada en passant par le pôle Nord. Richard Weber (Chef de l'équipe canadienne) devint le premier homme à atteindre le pôle Nord à partir des deux côtés de l'océan Arctique59. Puis en 1995, Weber en compagnie de Mikhail Malakhov, sont les premiers à atteindre le pôle Nord et en revenir sans aucune assistance, sans ravitaillement et en utilisant uniquement des ressources humaines59.
Le USS Charlotte a percé 155 centimètres de glace au pôle Nord.
En 2005, le sous-marin nucléaire de classe Los Angeles de la United States Navy, le USS Charlotte, a fait surface au pôle Nord, en perçant 155 centimètres de glace. Les 137 membres d'équipage et les 17 officiers ont passé 18 heures sur la calotte glaciaire. Certains des hommes ont pris des photos, tandis que d'autres ont joué un match de football60.
Le 23 mars 2006, Børge Ousland et Mike Horn sont les premières personnes à atteindre le pôle Nord durant la nuit polaire61. Puis, un mois plus tard, le 16 avril 2006, Albert II de Monaco est le premier monarque régnant à atteindre le pôle Nord62.
En avril 2007, l'artiste néerlandais en art performance, Guido van der Werve, a réalisé une de ses performances au pôle Nord, en se tenant exactement sur le pôle durant 24 heures, et en tournant lentement dans le sens horaire (la Terre tourne dans le sens antihoraire). En suivant sa propre ombre, Van der Werve n'a pas tourné avec le monde pendant une journée. Cette performance est intitulée Nummer Negen63, le jour où je n'ai pas tourné avec le monde. Van der Werve a réalisé un montage vidéo accéléré de ces 24 heures en 9 minutes64.
En juillet 2007, le nageur d'endurance britannique Lewis Gordon Pugh a réalisé 1 kilomètre de nage au pôle Nord. Son exploit, entrepris afin de mettre en évidence les effets du changement climatique, a eu lieu en eau libre entre les banquises, durant 18 minutes et 50 secondes et à une température de -1,8 °C65,66. En 2008, Pugh tente de rejoindre le pôle Nord en kayak à partir de la Norvège, mais doit abandonner après avoir été coincé par les glaces pendant trois jours67.

Représentations culturelles

Portion de la Carta Marina de 1539 par Olaus Magnus, indiquant le pôle Nord magnétique matérialisé en la « Insula Magnetu(m) » (latin pour « île des aimants ») au large de Mourmansk moderne.
Pour les Américains, la résidence du père Noël est sise au pôle Nord géographique. En 1983, Postes Canada a attribué le code postal H0H 0H0 au pôle Nord en référence au rire caractéristique du père Noël : « Ho ! Ho ! Ho ! »68.
En 1866, Jules Verne décrit dans son roman Voyages et aventures du capitaine Hatteras, le récit d'une expédition menée par un Anglais vers le pôle Nord. Ce roman est rédigé en se fondant sur la théorie erronée de la mer polaire ouverte. Ce fait banal en apparence reflète réellement une ancienne mythologie d'Hyperborée, qui situe au pôle Nord, l'étrange axe du monde, la demeure d'êtres surhumains69. L'idée populaire faisant du pôle Nord géographique la résidence du père Noël est archétypale d'une transcendance spirituelle faite de pureté70. Comme Henry Corbin l'a établi, le pôle Nord joue un rôle clé dans la culture ésotérique du soufisme et le mysticisme iranien : « L'Orient recherché par le mystique, l'Orient, qui ne peut pas être situé sur nos cartes, est en direction du nord, au-delà du nord »71.
Le pôle est aussi identifié par une mystérieuse montagne dans l'océan Arctique, le mont Qaf (cf. Rupes Nigra), dont l'ascension, comme l'escalade du mont du Purgatoire par Dante et Virgile, représente la progression du pèlerin au travers de différents états spirituels. Dans la théosophie iranienne, le pôle céleste, point focal de l'ascension spirituelle, agit comme un aimant pour attirer les êtres à son « palais avec d'immatérielles préoccupations ».